Question intéressante en effet : que fait-on dans un pays où on est parti sur un coup de tête pour un an?
Ce qu'on peut!
La première question fut évidemment le tour que prendrait ce séjour. Allions-nous choisir une solution itinérante en faisant des petits boulots dans différents coins de N-Z? L'option du WWOOFing, comme les nombreux PVTistes nous a évidemment effleuré. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit de partir dans des fermes pratiquant l'agriculture biologique et en échange du gîte et du couvert de participer aux travaux divers et variés demandés par l'hôte. Ça va de la récolte, à la réparation de clôtures, en passant par le coup de peinture et les soins aux bêtes. Le seul problème, qui réside dans le concept, c'est que dans la plupart des cas, aucune compensation financière n'est à attendre. Les transports en commun étant assez peu développés en N-Z, il aurait de plus fallu acheter une voiture, voir un van aménagé comme il en pullule tant ici.
Nous aurions pu choisir de travailler, contre rémunération cette fois, à travers la Nouvelle-Zélande. Le plus gros pourvoyeur d'emplois de ce type est l'agriculture de toute façon, ce qui serait revenu quasiment au même en comptant les dépenses consacrées au logement et à notre subsistance. Un certain inconfort et beaucoup d'incertitudes auxquels nous ne voulions pas nous confronter.
Notre budget étant anorexique nous avons donc décidé d'être sédentaires, ensuite, après avoir économisé de quoi, partir voyager en ayant loué ou acheté une voiture. Auckland est en effet la plus grosse ville du pays et les logements, bien que dispendieux, le sont toujours moins qu'à Wellington, capitale politique et culturelle, dont l'attraction est fortement tempérée par le mauvais temps et les prix de l'immobilier. Quant à Christchurch une recherche d'images Google vous expliquera rapidement pourquoi nous avons écarté cette ville.
Une fois la décision prise la recherche d'emplois nous occupa naturellement. Or quand on n'est pas exigeant ça va vite, en tout cas à Auckland. C'est comme ça que grâce à ma formation de médiéviste je me suis retrouvé "dishwasher", ou "plongeur". J'ai ainsi sévi dans une pizzeria de Parnell, quartier chic d’Auckland à une heure de marche de notre domicile. Une annonce sur la porte indiquait la disponibilité du poste, j'y ai déposé mon CV et je commençais trois jours après.
Pour le contact avec les Néo-Zélandais on repassera, j'ai cependant eu l'occasion de rencontrer en cuisine des étudiants Chinois, des chefs Indiens, des serveurs Pakistanais et d'autres plongeurs Philippins. Je travaille maintenant dans un café français, et même là les commis et les sous-chefs sont Sri-Lankais ou Indiens. L'Asie du sud-est a l'air de fournir une bonne part du contingent des employés de la restauration, les patrons sont évidemment Pakéhas (européens Néo-Zélandais, à différencier des Maoris) ou européens. Sauf dans les établissements indiens ou asiatiques évidemment. Sur les chantiers de constructions on voit plutôt des Maoris, hommes, les femmes travaillant plus dans les commerces. Partout ailleurs, que ce soit dans le centre des affaires, dans un quartier résidentiel comme dans un parc lors d'un dimanche ensoleillé, le cosmopolitisme est la règle. La Nouvelle-Zélande semble intégrer tant les autochtones, que les immigrants de la zone Asie-Pacifique, dans les différents niveaux de son économie. Quant à la représentation politique, la question serait à poser et fera l'objet d'un autre article.
Pour revenir à mon/ma job, je me suis installé pendant un mois dans une routine assez dure, mais assez pratique le temps de voir venir. L'ambiance d'usine dans les cuisines de cette pizzeria, la longueur du trajet et d'assez mauvaises conditions de travail ont cependant fini par me décider au bout d'un mois à changer d'établissement.
Je travaille désormais dans un café français, "L'Assiette", fondé par un Français demeurant depuis 4 ans en N-Z. Le café a maintenant 1 mois d'existence, commence à bien marcher et se situe dans Britomart, quartier des affaires d'Auckland, en bord de mer, affichant la particularité d'être animé tant en semaine que les samedi-dimanche. L'ambiance y est bonne, mais donnait parfois une sensation bizarre quand l'équipe était composée uniquement de francophones... mais bon entre deux assiettes sales et une casserole on s'y fait. Je rattrape ainsi les dernières pubs et calamités musicales françaises que j'ai manqué depuis que je suis parti il y a 5 ans. D'autres souvenirs reviennent et l'impression bizarre de "prendre des nouvelles du pays" s'immiscent doucement. J'ai l'impression de revoir mon père à certains moments, immigré Tunisien en France s'entretenant avec d'autres compatriotes, un flou dans les yeux et un léger sourire en coin. Une nostalgie inexplicable se forme ainsi parfois, pour rien, sans qu'aucune émotion autre émotion ne fasse surface hormis le sentiment de réaliser qu'on est loin. C'est donc ça être un immigré?
Les jours passent ainsi, les week-end sont consacrés à la découverte de la région d'Auckland comme vous pouvez le voir sur les autres notes de ce blogue.
Mehdi
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