lundi 19 décembre 2011

Wanaka

 Les trajets en car se suivent et ne se ressemblent pas. Quittant la côte tasmanienne déchaînée et les forêts étranges des Westlands, le conducteur nous emmène à travers passes et plateaux pour rentrer de plein pied dans les Alpes du sud. La végétation se raréfie en accord avec le climat plus aride de ces montagnes, véritables murs pour les nuages. Plus aucune agglomération, seulement de loin en loin de rares fermes isolées et quelques vaches broutant, entre les plaques de neige éparses, les tussocks. Nous finissons par monter suffisamment haut pour laisser derrière nous les lacets raides et ne plus être entourés que de montagnes et de lacs creusés par d'anciens glaciers. La route se déroule alors sur les plateaux, droite et étroite, fil d'Ariane d'une dizaine de voyageurs dans un car trop grand. Les 7 heures de route ont été facilement avalées grâce au spectacle permanent du trajet.



Dernière vue de la mer de Tasmanie

Arrivée dans la région des lacs




Nous eûmes assez vite une étrange impression en débarquant du bus. Celle de nous retrouver en Europe, dans une station de ski. En effet, la végétation singulière de Nouvelle-Zélande nous dépaysa systématiquement à travers nos étapes, peu importe la taille de la ville et son type d'architecture. Les fougères et palmiers côtoient ainsi les édifices néo-classiques comme les bungalows et ornent les trottoirs comme les platanes chez nous. Ce décalage entre exubérance tropicale et ambiance victorienne fait tout le charme de villes comme Auckland ou Wellington. 
Wanaka, tout à l'inverse, nous offrit un environnement d'alpages, avec ses prés, ses feuillus, comme ses conifères. Les chalets entourent le lac, le centre-ville s'organise avec ses boutiques de ski, d'artisanat local et de location de kayak; bref on pourrait être n'importe où en Europe ou en Amérique du Nord. La faune des touristes le prouve bien : les accents britanniques croisent allègrement les Allemands en goguette ou les Français traînant dans les réceptions des auberges. Tout ce beau monde se retrouve en tenue de ski, rivalisant de fluos sur leur manteaux-sacs-poubelles, dans des supermarchés dont les prix tutoient l'épicerie fine.

Wanaka-les-bains

Sur la route du backpacker


Heureusement Wanaka c'est aussi un lac aux eaux pures, des prés, des vignes et des pâturages enchanteurs sous un ciel rarement troublé. 


Deux jeunes autochtones

Nous commençons ainsi notre séjour par l'ascension du mont Iron surplombant la ville. Courte ballade de deux heures nous permettant de découvrir les environs le soir de notre arrivée. Là encore, comme dans toute la Nouvelle-Zélande ce parc naturel est en excellent état, tant au niveau des sentiers que de la propreté des lieux.




Les parcs naturels déploient beaucoup d'effort en terme de pédagogie
                       

                       

                       


Revenus  rafraîchis et revigorés par cette ballade venteuse, nous participons le soir à une activité, banale ailleurs, que les wanakiens ont su personnaliser : une séance de cinéma. 
Centre de la vie culturelle de cette petite ville de 5000 habitants, le cinéma Paradiso de Wanaka présente en effet tout du centre communautaire chaleureux. À la fois centre d'informations et de promotions sur le recyclage, salle des associations en tout genre, dont les très actives  associations de tricot et de théâtre, le cinéma de Wanaka permet aux touristes de passage d'avoir un aperçu de la vie sociale dans les villes isolées de l'île du sud. Dans la file d'attente, tout le monde s'interpelle et se bouscule gentiment, l'un pour aller acheter des places, l'autre parler des derniers exploits des All Blacks, ou encore évoquer les nouvelles régionales. Contrairement aux grands cinémas froids des mégapoles, on se sent doublement anonyme dans cette ambiance chaleureuse. Comme une pièce rapportée dans une réunion de famille. On aurait l'impression d'être comme en trop si les gérants de la salle n'avaient la bonne idée de proposer pour les séances de cinéma des pâtisseries encore chaudes préparées dans l'arrière-boutique (dont de sublimes cookies chocolat blanc-gingembre), des verres de vin de la région ou encore des chocolats chauds. Les odeurs sucrées et revigorantes en hiver convaincront rapidement le plus timide des vacanciers.
La salle est modeste et l'écran est à peine plus grand qu'une porte de garage, mais c'est la décoration qui finit de séduire. En effet, en lieu et place des traditionnelles rangées de fauteuils ont été installés, le tout joyeusement dépareillé : canapés profonds, fauteuils-clubs défoncés, transats, rocking-chairs et même une vieille Coccinelle Volkswagen décapotable, confortablement réaménagée. Vous rajouter à cela un entracte pour refaire le plein de cookies au milieu du film et une salle qui rit et s'exclame aux éclats pour avoir une soirée réussie où le spectacle est tout autant à l'écran qu'autour de vous.
C'est peut-être un bon exemple de la chaleur des habitants de l'île du sud qui nous a souvent été vantée au nord.


Le lendemain matin nous profitons d'une journée superbe pour nous mettre en chemin à la recherche d'un sentier, qu'une fois de plus nous ne trouverons jamais, la voiture étant une fois encore nécessaire pour y arriver et les cartes de l'office du tourisme ayant une échelle des distances fantaisiste.
Qu'à cela ne tienne nous traversons des prés aux moutons farouches, pour finir par longer le lac Wanaka, jusqu'au centre ville.












Nous aurions pu également participer à la longue liste d'activités diverses, dispendieuses et polluantes proposées à Wanaka comme : le saut en parachute au dessus du lac, le saut à l'élastique au-dessus d'un ravin à quarante-cinq minutes du centre-ville, la traversée du lac en jet-boat, un survol des montagnes en "coucou" ou en hélicoptère, une ballade dans la nature en... quad, ou tout simplement comme tout le monde une demi-heure de route pour aller descendre les pistes de ski en fluo. Fauchés comme nous sommes, nous avons
consciencieusement évité toute ces dépenses. Pas un kayak ni un vélo de loué, nous nous  en sommes tenus à nos guibolles. À en croire pourtant les offices de tourisme, les guides et le moindre panneau dans la ville, la Nouvelle-Zélande ne se découvre vraiment qu'après avoir consommé autant de carburant qu'un avion lors d'un vol transatlantique et dépensé le PIB du Quatar...

Cet aspect du tourisme à Aotearoa nous a vraiment frappé une fois entré dans cette région des lacs, où le tourisme dit d'"aventure" et beaucoup de "sport extrêmes" sont nés, tel le bungee, ou saut à l'élastique. Les activités "gratuites", les randonnées si elles existent, sont assez peu mises en avant. Peu d'effort est fait pour vous donner un accès à partir du centre-ville pour ces circuits, alors que 50 navettes par jour vous emmènent directement à l'usine de saut à l'élastique ou d'escalade sur glace.

 Nous évoquerons encore ce point dans notre prochain billet, pour la suite de nos aventures à... Queenstown.

Touriste fauché!
Idem
Une activité gratuite
                             

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