lundi 12 décembre 2011

Archiduc dans la brume

Ka Roimata o Hinehukatere est le nom donné par les Maoris au glacier Franz Josef. Il tire son nom d'une légende voulant que la belle Hinehukatere, grande amatrice d'escalade, entraîna un jour son amant, Tawe, dans l'ascension d'Aoraki (le mont Cook), dont le nom signifie "Crève-Nuage". Montagne sacrée chez les Maoris, lien entre les mondes naturels et supernaturels et lieu Tapu, ils provoquèrent  la colère des dieux par leur impudence. Ces derniers précipitèrent alors l'inexpérimenté Tawe dans un ravin, laissant Hinehukatere pleurer son amour disparu. Les torrents de larmes versés par l'amante au coeur brisé finirent par former en gelant une longue langue de glace descendant dans la vallée.

Les Européens, quant à eux, s'en remirent à l'explorateur Prussien Julius von Haast pour nommer ce glacier en 1865, ce qu'il fit en hommage à l'empereur d'Autriche-Hongrie de l'époque : Franz-Joseph Ier.




Fort de cette légende et aussi surtout de cet impressionnant phénomène naturel, le petit village de Franz-Josef (350 habitants) attire chaque année pas loin de 250000 visiteurs par an. Également porte d'entrée pour la région des lacs et étape reposante nous avions bien entendu mis cet arrêt dans notre agenda.

Vue du glacier Franz-Josef


Idem,  mais l'été


C'est comme ça qu'après 9 heures de bus nous arrivâmes en fin d'après-midi dans un Franz-Josef vide, entouré de hautes montagnes enneigées, définitivement heureux de nous dégourdir les pattes. L'accueil à l'auberge de jeunesse fut simple et chaleureux, tout en étant très bon marché. Nous recommandons donc un arrêt au Glow Worm Cottage, qui offre chaque soir une soupe chaude, à la recette parfois surprenante, mais toujours réconfortante. Ce nous fut d'autant plus utile, que passé une certaine heure, il est parfois difficile de faire ses courses dans un village de 350 habitants.





La fatigue du voyage commence peut arriver vite après plusieurs de bus et il est alors tentant de remettre le programme d'exploration au lendemain ou aux calendes grecques. C'est un peu ce qui nous est arrivé à Franz-Josef, comme quoi il est parfois nécessaire de s’aménager des pauses dans les vacances. Surtout quand on visite les "Wetlands" et qu'il pleut à torrent toute la journée prévue pour la visite. 
Pointant de temps en temps le nez dehors, sans grande conviction, entre deux averses,  nous profitâmes ainsi du confort de l'auberge sans grands remords la majeure partie de la journée. L'héroïsme d'une traversée de la Nouvelle-Zélande vint  se noyer là, dans les sables mouvants de la flemme. 
Poussés cependant par la culpabilité de ne rien avoir visité et lassés par les victoires systématiques d'Émilie au scrabble nous nous mîmes en route.

Rien ne nous encourageait à la vaillance au vue des brumes épaisses, donnant un aspect mystique à la végétation et aux montagnes alentours. On comprenait mieux le choix de la Nouvelle-Zélande pour filmer la "Terre du milieu". Émilie quant à elle, évidemment, ne voyait pas, ceux qui la connaissent comprendront...





La nuit approchant nous essayâmes de calculer au mieux notre itinéraire pour réussir en deux heures de marche rapide l'aller-retour vers le glacier. Il a bien sûr fallu qu'on se trompe de tournant tout de suite à la sortie du village et qu'on s'en aperçoive une fois bien paumé, avec pour une fois des responsables des parcs nationaux pas très coopérants et un système de fléchage ambiguë. Ce qui nous valût de continuer notre petite ballade dans le Mordor, où, malgré tout ce qu'on en dit, on peut rentrer assez facilement. 




La pluie, la lassitude du voyage et une auberge particulièrement chaleureuse eurent ainsi raison de nos velléités  exploratrices : les larmes de Hinehukatere nous échappèrent! Cet épisode nous montra une fois de plus qu'en Nouvelle-Zélande mieux vaut ne pas être piéton, à moins d'être prêt à faire un tour de glacier en hélicoptère, grande attraction du village. On peut faire ainsi beaucoup de choses en bus, mais il y aura toujours un moment où ça sera plus simple de suivre la route.

Qu'à cela ne tienne nous fîmes nos bagages dès le lendemain, nous arrachant à la douce torpeur du Glow Worm Cottage pour cette fois partir à l'assaut des vraies montagnes et des vraies lacs d'altitudes. Pas de ceux qui se cachent derrière d'épais manteaux de brouillards.

À noter que sur la route le car fit plusieurs arrêts pour nous montrer les merveilles de la forêt  tempérée humide (rainforest). Nous étions pour une fois loin des forêts tropicales habituelles de Nouvelle-Zélande. Cette végétation particulière à la côte ouest de l'île du sud, nous sembla étrangement européenne, mais avec des arbres recouverts d'une mousse filiforme, qui, étant perpétuellement humide, scintillait au moindre rayon de soleil. Les vapeurs de brume montant dans l'air combinées à ces milliers d'arbres féériquement illuminés força pendant un moment le silence chez les passagers. La cascade au bout du chemin brisa ce moment et ramena tout le monde à ses bavardages.









Prochaine étape : les lacs!


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