Je me suis dit que si je vous montrais une fois de plus des photos de forêt tropicale vous finiriez peut-être par vous lasser. Alors aujourd'hui je ne vous parlerai pas de la nature, qui demeure toutefois un sujet d'émerveillement pour moi, pour aborder un sujet plus sérieux, les Maoris.
Je profite du festival de la photographie d'Auckland pour écrire sur la question. En effet, c'est dans ce cadre qu'à la galerie où je travaille on expose des photographies de luttes maories majeures entamées dans les années 1970. Ce qui est une nouveauté pour la galerie qui expose d'habitude de l'art pictural.
L'art contemporain maori est présent un peu partout, notamment dans les parcs nationaux, ici à l'ouest d'Auckland.
Pour faire court, les Maoris, originaires des îles du Pacifique, sont arrivés en Nouvelle-Zélande il y a environ 1000 ans. Ce qui fait d'eux de sacrés navigateurs étant donné les milliers de kilomètres à parcourir sur de grandes pirogues.
La Nouvelle-Zélande n'a jamais été peuplée auparavant. Au début du XIXe siècle, les colons britanniques, appelés Pakehas (mot qui désigne l'ensemble des colons européens), se sont mis à occuper de plus en plus de terres. En 1840 un traité, appelé traité de Waitangi du nom du lieu où il fut signé, est ratifié par les Maoris et les Britanniques. Il fait de la Nouvelle-Zélande une colonie britannique. Ce texte fait l'objet d'un conflit d'interprétations. En langue maorie, il indique que la reine gouverne les colons mais que les Maoris gardent la souveraineté sur eux même et sur leurs terres. En revanche, en anglais, le traité précise que la reine règne sur la Nouvelle-Zélande dans son entièreté. Ce texte est alors devenu un sujet de tensions.
En 1970, de jeunes Maoris ont revendiqué une reconnaissance de leurs droits concernant les terres cédées à la Couronne. Les revendications sont politiques, économiques et culturelles. En effet, au milieu du XXe siècle, le fait de parler maori a été découragé ce qui a entraîné une perte de transmission de la langue et donc de la culture. Aujourd'hui, seules les personnes âgées parlent maori.
Voici quelques photographies des manifestations menées au cours des années 1970.
Une opposition entre Maoris et force de l'ordre
Des personnes de tous âges participent à l'évènement
Devant les principaux monuments de Wellington, la capitale
Aujourd'hui, la culture Maorie est plutôt présente en Nouvelle-Zélande même s'il ne s'agit peut-être que de symboles, voire même d'une récupération. Dès l'arrivée à l'aéroport, on est accueilli par une reconstitution de l'entrée d'une maison maorie (voir le 2e message de ce blogue). Quant au musée d'Auckland, il fait très largement mention de l'histoire des Maoris, de l'arrivée des Britanniques, de la perte de territoires maoris et de la guerre qui s'en suivit. La différence d'interprétation du traité de Waitangi y est développée.
Le musée néo-classique d'Auckand
Un musée bien fait quoiqu'à la muséologie franchement vieillotte
L'art contemporain maori est présent un peu partout, notamment dans les parcs nationaux, ici à l'ouest d'Auckland.
La reconnaissance de cette culture va même jusqu'à l'enseignement de la langue maorie dans toutes les écoles primaires. On peut lire partout les mots "Kia Ora", qui signifient "bonjour" ou "bienvenue", notamment sur de nombreux site internet officiels.
Enfin, symbole très fort, le haka, danse traditionnelle maorie, exécutée au rugby par les All Blacks, qu'ils soient pakehas ou maoris, avant un match:
Cependant, la Nouvelle-Zélande est une création du XIXe siècle et se cherche une culture propre. La culture maorie est ainsi mise en avant et dans les boutiques à touristes, on trouve toutes sortes de babioles représentant l'art maori.
Dans la vie de tous les jours, les Maoris sont visibles et présents dans l'économie. En revanche, ils occupent tous les emplois non qualifiés et sont gravement touchés par l'obésité.
Ils vivent dans la banlieue excentrée et pauvre d'Auckland. Dans les quartiers riches et blancs qui encadrent le centre-ville, ils ne sont présents que pour travailler.
Et si les sans-abris sont rares en Nouvelle-Zélande, quand on en rencontre ce sont généralement des Maoris.
Mais j'ai aussi observé en travaillant à la galerie lors de l'exposition de photographies que les visiteurs, certes parmi la frange la plus éduquée de la population, s'intéressent au sujet. Ils sont venus nombreux, en ont discuté, certains ont même participé à ces manifestations, il y a 40 ans.
Émilie
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