Après avoir passé la nuit dans un camping de Coromandel Town, nous nous mîmes en chemin pour les Coromandel Ranges, parc naturel montagneux au centre de la péninsule. La zone fut exploitée par l’industrie minière et forestière fin XIXe siècle. Ce dernier secteur a laissé quelques traces comme ce barrage créant une retenue d’eau suffisante pour, une fois relâchée, emporter les rondins de bois et autres pitounes.
Il fait un temps splendide et nous démarrons le long d’un torrent avec les hautes collines en arrière plan. La végétation est verte fluo au soleil, éblouis mais heureux nous nous apprêtons à dévorer 8h de forêt et de maquis pour atteindre le sommet.
L’aventure est au rendez-vous et un pont de singe nous introduit dans le parc…un à la fois.
Il a plu la veille et ça se voit, toutes les cascades et torrents débordent sur le chemin, cependant très bien aménagé et entretenu par les services du DOC (Department of Conservation).
À certains endroits nous profitons des escaliers creusés à même la roche par les anciens bûcherons et mineurs.
Nous sommes au début de l’hiver, mais l’humidité ambiante et le soleil sont là pour nous rappeler les tropiques. Nous échangeons les torrents pour le maquis quand nous atteignons un plateau dans notre ascension. Pas une maison ou autoroute, seule une ligne à haute tension est là pour nous rappeler la civilisation.
La montée dure un bon moment. La pente est relativement douce, mais s’étale sur 5 heures. Parfois de gros arbres abattus croisent notre chemin. L’eau ruisselle des parois, comme la sueur de nos têtes et créée de petits bassins frais et bienvenus.
La roche se dénude petit à petit, la végétation se raréfie, la forêt luxuriante laisse la place au maquis et aux panoramas de cartes postales.
La montée continue et laisse apercevoir enfin le sommet.
Malheureusement nous n’avons pas pensé à réserver le gite d’étape, plein à notre arrivée, et nous renonçons au sommet, à juste 1 heure de marche, afin de pouvoir redescendre avant le coucher du soleil.
Nous nous dépêchons de rentrer avant la nuit et Rosalie nous accueille au crépuscule dans le campement de départ, totalement désert, en bas de la montagne. Nous profitons des dernières lueurs encore offertes pour nous baigner dans le torrent, ultime récompense de la journée. Les lapins, peu farouches, gambadaient insouciant dans le stationnement.
Fourbus, mais contents, nous regardons les étoiles apparaître. Le ciel est tellement pur de nuages et de pollution lumineuse qu’elles chassent le moindre recoin de ténèbres et semblent envelopper la nuit plutôt que l’inverse. La voie lactée est particulièrement nette. Malheureusement nos appareils photos respectifs ne furent pas suffisamment puissants pour que nous puissions vous ramener autre chose que des mots.
Enfin, enrobés par la douceur nocturne et la fatigue nous nous endormons dans notre fidèle van, aux environ de 19h, prêts le lendemain matin à nous réveiller dès l’aube au chant des oiseaux.
Sauf que ce fut celui des moustiques qui nous réveilla vers 23h. Une nuée de ces sales bêtes, saisissant l’aubaine de piquer autre chose que des rongeurs, s’engouffrait dans la voiture, véritable passoire. Nous luttâmes vaillamment, redécorant le plafond du van de moustiques écrasés. Affolés par la persistance de cet adversaire kamikaze qui, après une trentaine de pertes était toujours autant décidé à vaincre ou mourir, nous décidâmes d’écourter notre nuit dans ce « paradis » perdu et d’opérer une retraite stratégique. Mal réveillés et en rage, nous roulâmes vers la civilisation la plus proche où la pollution salvatrice nous débarrassa de tous ces petits vampires. Nous nous garâmes misérables et gonflés de piqûres dans un lotissement quelconque de Thames, avec pour seule étoile un réverbère froid.
Une petite pluie fine et froide nous accompagna dès le réveil, nous faisant bien sentir qu’elle était là pour durer. Piteux, mais tout de même heureux, nous repartîmes vers Auckland le dimanche matin retrouver notre confort.
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